lundi 24 août 2009

Parlons pub radio et pathos

Catégorie «cette pub m'énarve»

Annonceur: Cancer Canada (whatever).

Idée générale: Pour les gens qui ont le cancer (généralisons), le moindre travail demande un effort surhumain. Ces gens sont donc des héros du quotidien. Faire comprendre ça à la masse en la martelant avec un message fort, répété sans cesse.

La pub radio: On entend un homme forcer très fort, «gne, gna, ouarr, euf, gnaarrrr», on se demande après quoi il force et on se dit pôv ti pit, il en arrache, puis on entend sa femme qui s'exclame en le surprenant (et c'est le punch):

«Oooh, t'as mis la table, mais t'es donc ben fin !» :-O

Et là on s'imagine la bette de piteux pitou que doit avoir le gars cancéreux tout fier d'avoir mis la table tout seul mais épuisé et bouleversé par tant d'injustice dont il est victime. Pensez à la bette de Puss'n'Boots dans Shrek.






Message de conclusion: pour ceuzes qui ont le cancer, tout est difficile, comprenez, blabla...

Mon appréciation: annonce maladroite* qui devient carrément détestable après quelques écoutes.

(j'écoute la radio toute la journée en travaillant)

Je m'en revenais du Loblaws en auto, tantôt, et en attendant que la lumière passe au vert j'ouvre la radio, la toune est bonne, je monte le volume plutôt fort, mais la toune finit, et la pub suit..

«Gne, gna, ouarr, euf, gnaarrrr»...

C'était peut-être dû au fait que le volume était fort, ou que ça faisait 3 ou 4 fois que j'entendais cette pub dans la journée, mais j'ai eu une réaction épidermique:

«Argh ! Ta yeule ! Va te recoucher, crétin ! », que j'ai hurlé en changeant de poste.

Pourquoi maladroite, vous disiez ? Ben c'est pour ça. Parce qu'après un certain nombre d'écoutes on n'a plus aucune sympathie pour le gars. On a juste envie de lui dire de retourner se coucher si c'est si souffrant pour lui de mettre la nappe. Objectif raté donc, puisque cette pub vise justement à faire sympathiser le public avec le gars qui a le cancer et pour qui la moindre corvée est une montagne à gravir.

Je parierais que le génie derrière ce chef d'oeuvre est le même qui a pondu la pub radio des Auberges du coeur qui passait jusqu'à dernièrement et qui est peut-être encore en ondes dans laquelle un homme appelle par erreur une Auberge du coeur (genre de refuge pour jeunes délinquants) en expliquant qu'il veut «juste une p'tite auberge pour décrocher, là».

La madame au téléphone, prenant son air le plus condescendant et le plus misérabiliste lui répond «vous voulez décrocher de quoi, au juste ? De la drogue ? De la rue ? De la délinquence ?» et le gars, ne sachant plus où se mettre alors qu'il aurait juste eu à dire écoutez madame, me suis trompé d'numéro, désolé bye, se sentant coupable de chercher une auberge pour un week-end de sexe avec sa blonde prend le même air de piteux pitou pour répondre «nenon, juste décrocher, là...»



Ci-dessus la version télé, un peu moins «pathos» que la version radio que je n'ai pas trouvée.

Pathos: évocation de l'expérience humaine dans une représentation propre à faire naître la pitié, la sympathie, chez le lecteur ou le spectateur. Distinct des passions plus élevées de la tragédie, le pathos (du grec pathos : « souffrance, passion ») naît, particulièrement dans l'art oratoire, à l'évocation de ceux qui sont abandonnés sans aide ou qui souffrent injustement. En art, représenté sans succès et de manière affectée, le pathos provoque le rire devant le ridicule de l'excès d'émotion.

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