mercredi 21 octobre 2009

Tintin en Joualonie: erk, kaka!




Yves Laberge, prof de sociologie à l'Université Laval, a cru bon de convaincre les éditeurs belges de Tintin de publier sa «traduction en joual québécois» d'un album de Tintin, Coke en stock.

Le résultat est un ramassis de conneries sans aucun sens. On parle à peu près normal dans une case, puis un joual incompréhensible dans la case suivante. Les arabes, la Castafiore, Tournesol, Milou, tout le monde parle comme la Sagouine ! Au point qu'il doit être extrêmement difficile de suivre l'histoire (je n'ai lu que la page recopiée dans Le Soleil d'aujourd'hui qui m'en a montré assez pour m'ôter toute envie d'aller plus loin).

Exemple: Tintin trouvant Tournesol tombé sur le cul après une de ses expériences ratées:

«Hé ben ! Professeur, vous nous faites une belle façon! »

(on sait que l'expression «faire des belles façons» signifie «faire le beau» ou «faire les yeux doux» pour s'attirer une faveur, rien à voir avec le contexte du prof tombé sur les fesses)

Aussi, Haddock à Tournesol:
«Cé ça, pis i va falloir installer des lumières su'é chaînes de trottoir, avec vot' patente à graisse de bines ! Pis à part de t'ça: oussé qu'i yé Abdallah ?»

On remarque ici que le «traducteur» a pris deux expressions véritables, soit «patente à gosse» et «les yeux dans la graisse de bines», pour en faire une ridicule que personne n'a jamais utilisée: «patente à graisse de bines».

Il (Laberge) déclarait dans une entrevue à Info Culture: « Ça nous permet, à nous, lecteurs du Québec, de retrouver dans une oeuvre universelle la langue québécoise ». Il est écrit dans cette édition que Yves Laberge a voulu faire « une célébration de la langue française telle qu'on la vit de nos jours au Québec ».

Parce que c'est bien connu que de nos jours au Québec, tout le monde parle comme Séraphin.

Non seulement cette édition en joual est-elle inutile, mais elle est nuisible en plus en ce sens qu'elle renforcera les préjugés qu'ont encore de nombreux Français sur la langue parlée au Québec.

Voir aussi à ce sujet l'article de Nicolas Houle sur Cyberpresse.

Ajout 30 octobre:

Le jour de la sortie de Colocs en stock, après en avoir vu une page dans le Soleil, j'étais assez «choqué» par ce que j'ai lu pour trouver son adresse et écrire un courriel à Yves Laberge, pour lui dire ce que je pensais de son travail. En gros: job bâclée, honte à vous, vous allez recevoir des roches et ce sera mérité. Par la suite en y repensant je me suis demandé si j'avais été le seul à réagir de cette façon. J'apprends aujourd'hui sur Cyberpresse que Nicolas Houle a été inondé de courriels de lecteurs scandalisés par cette édition inutile et mal foutue de Coke en stock, une lectrice allant même jusqu'à prétendre qu'elle allait se rendre chez Archambault pour déchirer les pages de cette bd maudite. Alors non, je suis pas tout seul...

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