mercredi 30 septembre 2009

Clones (Surrogates): y'a pas d'effets, pourquoi c'est con en plus ?




Pas de version originale anglaise à Québec pour Surrogates, le dernier film de Bruce Willis. C'est donc Clones que je suis allé voir au Cineplex Odéon de Beauport mardi midi.

Pour ceux qui ne sauraient pas, les mardis chez Cineplex Odéon c'est 11,50$ pour une entrée + un popcorn moyen, + une liqueur moyenne, suffit juste de le mentionner à l'achat du billet. Moi je dis «toute la patente», ou «le kit du mardi», le gars comprends. Mais si on le demande pas ils ne l'offrent pas, et ce n'est annoncé nulle part. Plutôt que 5.75$ l'entrée plus 11,50$ pour le même lunch, c'est un bon deal... 

De jour les mardis, pour ceux qui peuvent, c'est jamais à moitié plein, même pour les meilleurs films.

Première déception: la traduction est québécoise et ce n'est pas la voix française habituelle de Willis qu'on entend quand son clone ouvre la bouche au début du film. Comme ce n'est pas non plus la voix d'Yves Corbeil, je me retiens de sortir de la salle en bottant ma chaudière de Coke diète et j'essaie de passer outre ce détail qui je le sais me fera suer tout le long du film.

La suite n'arrange rien.

Nous sommes en 2028 et chaque individu possède son/ses clone(s) qui se rend(ent) au travail, ou à la discothèque, ou en plongée, en parachute, whatever, à sa place. L'humain-propriétaire quant à lui reste à la maison allongé dans son Lazy-Boy à boutons avec ses lunettes spéciales sur les yeux, grâce auxquelles il est connecté à son double.

Grâce aux écrans partout en ville, omniprésents et très bavards, technique super originale qu'on a admirée dans tout juste une petite trentaine de films futuristes jusqu'ici, on apprend:

1) qu'en 2028 le taux de criminalité est à zéro depuis que chaque humain ou presque reste en tout temps chez lui, en robe de chambre, courbaturé, blême et sale, et de son Lazy-Boy contrôle au dehors son clone, jeune, propre et en pleine forme, et l'envoie tout faire à sa place;

2) que le dernier meurtre remonte à plusieurs années, sans toutefois qu'on sache si on parle de données concernant la ville, le pays ou la planète;

3) qu'un petit groupe d'individus résiste aux attraits de la technologie et maudit les clones en brandissant des pancartes (ça m'étonne!)

Et on se demande:

1) si les clones font le travail à la place des humains, pourquoi ne commettent-ils pas aussi des erreurs, des vols et des meurtres à leur place ? Le fait d'avoir une distance avec le méfait en le commettant par le biais d'un intermédiaire (le clone) ne devrait-il pas au contraire être un incitatif au crime ? Je n'oserais jamais personnellement attaquer une banque, mais via un clone, sachant en plus que je ne risquerais de blesser personne puisque les employés des banques/bijouteries/etc. seraient des clones, avec leurs proprios bien en sécurité en robe de chambre à la maison, ça pourrait être tentant. Non ? Ce serait comme un jeu !

En quoi le fait de vivre par le biais d'un clone pourrait-il assurer la paix ? D'une façon ou d'une autre il aurait fallu expliquer, ou donner des indices, mais on ne s'est pas donné la peine. Y a-t-on seulement réfléchi ? On se demande...

2) si la criminalité est à zéro, pourquoi on parle plus tard dans le film et sans s'étonner, comme si c'était banal, d'un type et de son passé criminel chargé ? Chargé de quoi ?

3) un film futuriste qui ne met pas l'accent sur les effets spéciaux* ne devrait-il pas compenser par une histoire originale, un scénario réfléchi et des dialogues intelligents ? Y'a même pas d'effets intéressants, pourquoi c'est con en plus ?

On se sent floué et trahi. Faut-il que Bruce Willis soit rendu bas pour qu'il s'abaisse à nous baiser de cette façon, dans cette salle, après nous avoir attirés avec sa gueule sur l'affiche...

*selon la vision de Jonathan Mostow, le réalisateur, dont le dernier film était le discutable Terminator 3, Rise of the Machines, les voitures de 2028 seront en tous points semblables à celles d'aujourd'hui: mêmes formes, roulant à l'essence, faciles à voler, sans dispositifs anti-collision...

Ving Rhames joue «le prophète», le chef d'un clan de pouilleux-résistants - dans lequel je crois avoir reconnu des gueules que j'avais vues dans Mad Max et Waterworld - qui refusent les clones et la technologie en général, de même que le savon et les rasoirs. Ce clan se voit confiné dans une réserve (comme une réserve indienne mais avec plus de clochards violents, de poutres rouillées et de cochonneries dans les rues) où les clones sont absolument interdits d'entrée.



Son personnage de gourou est tellement dessiné à gros traits que chaque mot qu'il prononce sonne comme une grosse connerie.

Par exemple il aura suffi que le clone d'un flic (Willis) à la poursuite d'un criminel humain entre sans permission dans la réserve des «résistants» menés par ce prophète (Rhames) pour qu'il s'écrie «révolution», suivi de
« Vous avez allumé le feu, mais c'est nous qui lancerons la dernière pierre !»

Mauvais scénario ? Mauvaise traduction ? Mauvais, that's for sure.

Tout se passe en extrême surface dans ce film pas compliqué et comme pour les derniers 25 862 films du genre and counting, la finale et le sort de l'humanité se décident sur la pression - ou non - d'un bouton, avec compte à rebours en chiffres rouges en prime.

En résumé, pour conclure cette première critique cinéma sur mon blogue, je dirais que la vision de Mostow pour ce futur proche est mince et empruntée, que son film est plate à mort au point que j'ai bien failli quitter avant la fin. Si j'étais Bruce Willis, j'essaierais d'oublier au plus vite ce navet en me promettant de mieux lire les scénarios à l'avenir avant de m'engager, et si j'étais Jonathan Mostow je craindrais que les grands studios ne me confient plus jamais un projet important.

Rotten Tomatoes donne à Surrogates un maigre 37% (vers la critique de RT), je lui donne pour ma part un gros CHOU gras.


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