mercredi 17 février 2010

Quelques questions racistes...

La très grande majorité des Québécois voudrait des écoles publiques à 100% laïques, mais la très grande majorité des Québécois se bute à des gens influents qui veulent des exceptions pour eux.

Le lobby des juifs hassidiques est une de ces puissances dont les exigences sont particulières et relativement fréquentes, et il semble trouver chez les Libéraux des oreilles compréhensives.

À peu près tout le monde trouve que la ministre Courchesne a l'air nouille dans cette histoire sortie lundi sur un autre accomodement religieux raisonnable aux seuls yeux des demandeurs.

Mais pas Lysiane Gagnon de Cyberpresse, pour qui tout est parfaitement normal.

Extrait de son article:

« Le Devoir a découvert que l'exécuteur des basses oeuvres est un lobbyiste libéral embauché par la communauté hassidique. C'est lui qui a négocié avec le ministère la modification au calendrier pédagogique. Notons bien qu'il n'y a rien d'illégal là-dedans. Ce lobbyiste était dûment inscrit au registre, il travaille pour une firme respectable (National), et qu'il soit au surplus militant libéral n'a strictement rien d'incongru: tous les groupes de pression embauchent des lobbyistes proches du parti au pouvoir.»

Je retiens le mot «négocié» qui implique un échange, d'argent, de services, ou de considérations futures, comme on dit au hockey.

Les juifs hassidiques de Montréal ont donc réussi, au terme de négociations, à faire changer des règlements importants au calendrier pédagogique de toute la province, pour accommoder leur besoin de se conformer au modèle scolaire québécois. C'est ce qu'on appelle avoir du pouvoir.

Lysiane Gagnon dit «Bwaawawa, vous paniquez pour rien, ça permettra à cette communauté de rentrer dans le rang et ça ne changera rien pour les autres... Si vous vous insurgez, au fond, c'est que vous êtes antisémites».

Ça ne changera rien pour les autres, dites-vous ? Et si après trois tempêtes de neige en décembre prochain un directeur d'école décide de faire des classes un samedi ou un dimanche, puisque c'est devenu possible ? Et si un autre directeur, après avoir vu son école fermée pour quelques jours à cause d'un problème de chauffage décide qu'il va aussi se rattraper les week-ends, puisqu'il le peut ? Et si...

Et si les cas du genre se multipliaient ? Et si la colère des parents envers la bêtise religieuse montait d'un autre cran ?

Pourquoi est-ce si difficile à comprendre, même pour une tête comme Lucien Bouchard, que l'école québécoise veut être laïque et imperméable aux questions religieuses ? Que ce n'est pas à l'école québécoise de s'adapter aux communautés religieuses mais l'inverse, parce que sinon, on le sait, c'est Babel à tous les coups ?

Mme Gagnon, après avoir lu dans le Devoir à propos de ce lobbysite libéral embauché par la communauté hassidique, s'est empressée d'écrire un article pour dire «c'est normal, arrêtez!» tout en accusant un peu tout le monde d'antisémitisme.

Tout de même, quitte à lui faire de la peine, quitte à passer pour raciste à ses yeux, je me questionne.

En échange de cette absurdité négociée, qui, ils devaient bien s'en douter risquait de foutre le feu aux blogues et éditoriaux du Québec pour une semaine au moins, les Libéraux ils ont eu quoi ?

La communauté juive hassidique a accordé QUOI aux Libéraux pour obtenir un tel coup de hache dans le règlement ?

J'en ai d'autres, appelons-ça des questions racistes, et assumant que Lysiane Gagnon connait les réponses puisque visiblement elle ne se pose pas (ou plus) ces questions, je les lui pose à elle.

Le chemin «normal» pour régler mes problèmes avec le gouvernement, c'est d'aller voir mon député ou d'engager un lobbyiste ? Est-il normal que la communauté hassidique n'ait personne pour la représenter auprès du public, qui pourrait alors se faire une opinion quant à ses réclamations, que des lobbyistes pour faire passer ses intérêts en première ligne et sous le couvert ?

Sommes-nous tous à côté de la track à penser qu'on ne peut rien changer aux règlements gouvernementaux qui nous emmerdent alors qu'au fond tout est possible pour peu qu'on embauche un bon lobbyiste ?

Au fait, ça coûte quoi un lobbyiste, et ça négocie comment, avec quoi ?



Lucien s'emmêle...

Lucien Bouchard aimerait que le gouvernement arrête de perdre son temps avec des niaiseries et qu'il s'occupe des vrais problèmes du Québec, puis du même souffle il laisse clairement entendre, en blâmant le PQ pour son «radicalisme», qu'il trouve qu'on n'est pas assez accomodants avec les minorités de toutes sortes.

La contradiction pour moi est parfaite.

Je crois qu'en la verbalisant il s'est lui-même rendu compte de la maigreur de sa réflexion parce qu'il s'est aussitôt dépêché d'expliquer qu'il avait une rancune envers Pauline qui avait traité son frère Gérard d'Elvis Gratton au temps de la commission Bouchard-Taylor. Hooon...

(c'était pourtant pleinement mérité)

OK pour mettre la souveraineté de côté pour un temps, était-ce vraiment utile de le rappeler anyway, OK pour s'occuper des vraies affaires, y'a-t-il quelque chose au monde de plus facile à dire,

pour le reste c'est un coup de gueule mal réfléchi et très maladroit, à mon avis.

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