vendredi 19 février 2010

Pendant que les écolos surveillent les arroseurs d'asphalte...


Avant qu'on conseille aux mammifères qui le peuvent de ralentir leur respiration pour réduire leur empreinte écologique, je pense qu'il y a des cas lourds dont il faudrait s'occuper.

L'annuaire Pages Jaunes est un de ces cas.

Il y a dix ans les représentants de Pages Jaunes se présentaient chez les annonceurs en affirmant que les annonces qu'ils vendaient se retrouvaient dans le tiroir de la cuisine de tous les Québécois, qui se référaient alors à tout coup à l'annuaire téléphonique + bottin Pages Jaunes pour trouver une personne, une compagnie ou un service.

Aujourd'hui les représentants de Pages Jaunes racontent sensiblement la même chose: ils impriment et distribuent des bottins pour tous les foyers québécois (plusieurs millions),

mais ils oublient souvent de mentionner qu'un fort pourcentage de leurs bottins s'en vont maintenant direct au recyclage ou aux vidanges.

Au bloc de condos ou j'habite, à tous les ans ils en laissent des grosses piles dans le hall d'entrée, dans lesquelles tout le monde s'enfarge pendant dix jours parce qu'ils laissent trois fois plus de bottins que nécessaire.

Pourquoi ils impriment et distribuent autant de bottins de mille pages inutilement, maintenant que tout le monde cherche sur Internet ? Pour maintenir leurs tarifs, numb! :)

Si imprimer + distribuer coûte 100$, et ajuster les tarifs, au mieux, coûte 150$, ou même 105$, genre, mettez-vous à leur place, vous feriez quoi ?

Alors ils impriment et ils distribuent. C'est une façon cheap (et pas du tout écolo) de rester important.

Ainsi tous les ans des centaines de milliers d'annuaires neufs rejoignent aux vidanges et au recyclage des millions d'annuaires usagés dont plusieurs pages n'ont même pas été tournées. L'empreinte écologique d'une telle connerie doit être visible de Mars au moins, non ?


Comment se fait-il qu'on dirait que personne ne la voit ?

Ils regardent où nos écolos ? Youhou ! Mon hall d'entrée est plein de bottins, et ma boîte à malle, presque chaque jour je jette trois lettres/enveloppes non sollicitées sans les ouvrir, plus un grand carton d'agent d'immeubles, ou d'arrangements funéraires, et/ou un menu de restaurant-pizza/chinois, je jette tout direct dans la poubelle juste à côté qui est toujours pleine de publicités mal ciblées, jetées là par des gens pas concernés, achalés par tant de papiers colorés imprimés pour rien qu'ils jettent presque à regret tant on leur a toujours dit d'économiser.

J'ai beau comme eux chercher le bouton «off» de l'entrée des papiers inutiles dans ma boîte aux lettres, je ne le trouve pas.

On dirait qu'il faudrait qu'on l'invente ! Hey ! N'est-ce pas là une belle mission écolo ?

Pensez à une grande tournée des médias pour conscientiser les gens aux bienfaits de la consultation par le web plutôt que via les supports de papier, qui finirait par un triomphe à Tout le monde en parle où Steven Guilbault et/ou Laure Varidel annoncerai(en)t que serait offert dans tous les Couche-Tard dès le lendemain lundi un petit décalque vert à apposer sur sa boîte aux lettres signifiant qu'on ne désire plus de publicités imprimées non sollicitées, ni de bottins d'aucune sorte, épargnant ainsi des milliers d'arbres et beaucoup d'énergie.

Une pensée émue pour les gens de chez Pages Jaunes, les imprimeurs, publicitaires, distributeurs, camelots, facteurs, mais que voulez-vous le monde évolue et vous devez faire avec.

Aux écolos: lâchez un peu le «maniaque» qui lave son asphalte à l'eau («à la hose»); dans une province qui compte un million de lacs et cent trente mille rivières, il est moins absurde que bien d'autres.


D'ailleurs savez-vous combien le réseau montréalais d'eau potable compte de fuites ? Assez pour nettoyer plusieurs milliers d'entrées de cour, en continu, 24 heures par jour. Pourquoi on fait aussi relativement peu de cas de ces fuites ? Parce que de l'eau potable, au Québec, c'est pas ce qui manque.

Ce qui consomme de l'énergie c'est le traitement de l'eau, bien entendu, pour la faire passer de brun à clair, mais encore là, les usines tiennent le coup et font la job, fonctionnant à l'hydro-électricité, donc par le mouvement de l'eau du nord qui motorise le nettoyage de l'eau du sud. :-)

Quand on y pense, elle perd quoi dans ce processus, la planète ?

Et si on mesurait ?

Si on comparait deux gestes quotidiens célèbres et leurs impact environnemental, par exemple le gars qui arrose son entrée en asphalte pour la nettoyer, et son voisin qui le toise avec mépris, ramassant son courrier du samedi dans sa boîte aux lettres, mettant dans la minute qui suit l'équivalent de 15 pages 8.5" X 11" au recyclage sans les lire et sans s'inquiéter de savoir qui lui envoie tout ce papier pour rien.

Deux gestes relativisés:

Un gars arrose patiemment son asphalte pendant 20 minutes pour que son enclos personnel soit propre et luisant sous son char, il est prospère au moins en eau dans un pays ou elle coule de partout, le gaspillage venant du fait que cette eau est traitée pour être bue alors qu'elle n'aurait pas à l'être pour cet usage,

et son voisin qui jette en trois secondes et sans considération une pile de papiers raffinés qui ont été crées pour lui, direct à la poubelle, sans s'inquiéter d'informer les envoyeurs qu'il ne lit pas ce genre de courrier, de manière à faire en sorte d'arrêter ce gaspillage.

Lequel de ces gestes laisse la plus grosse empreinte ?

J'aimerais avoir un réseau Facebook, Twitter, LinkedIn, Buzz assez hot pour qu'il recèle une ou deux bolles capable de mettre des chiffres et des arguments solides sur les gestes suivants et sur leur impact environnemental, en les notant de 1 (pet de vache) à 10 (accident nucléaire):

Laver une entrée de cour à l'eau claire:     ___ /10
(essentiellement électricité pour le filtrage de l'équivalent de 1 ou 2 baignoires)

Produire un Publi-Sac qui ne servira à personne:    ___ /10
(plastique (emballage), bois, papier (encrage, désencrage), électricité, pétrole (transport), récupération )


Se pourrait-il que certains prétendus écolos découvrent après quelques calculs qu'ils ont bien peu de raisons de regarder de haut les arroseurs d'asphalte ?

4 commentaires:

  1. Ahah, pour les pages jaunes, je suis d'accord. Il devrait penser n'en distribuer qu'à ceux qui sont intéressés. Parce que oui, il y en a encore qui doivent l'utiliser. Personnellement, je le prendrais au cas ou il y aurait une panne de courant.. il me resterait au moins les pages jaunes pour me permettre de communiquer! Ahahah!
    Mais en ce qui concerne le publi sac, quand je ne l'ai pas, j'appelle pour me plaindre! C'est bien beau internet, mais on perd du temps a fouiller sur chaque site internet un par un pour trouver leur circulaire respectif! Je sais, je l'ai fais les trois dernières semaines parce que le maudit livreur était pas foutu de m'apporter mon précieux publi-sac!!!
    Je crois qu'en conclusion la publicité devrait simplement apprendre à cibler d'avantage son public cible! Et ne pas trop abuser de l'imprimé. A titre d'exemple, je reçois depuis des années des pub de Remax à tous les mois, est-ce essentiel? Si j'ai envie de vendre ma maison, je crois être assez autonome pour me trouver un agent et je risque de même pas de regarder le nom du gars de Remax qui est sur le calendrier aimanté du frigo!!!

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  2. Salut Karine,

    Mon point est justement à propos du ciblage. Le bottin et le Publi-sac quand ils servent, ça va.

    C'est quand ces objets passent directement de l'imprimerie au recyclage que ça ne va pas. Il faut juste identifier les gens qui veulent ces imprimés et ceux qui n'en veulent pas...

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  3. Je pense que le cas des Pages jaunes et blanches est réglé depuis ce temps. Ils mettent beaucoup plus l'accent sur la pub électronique etc....Bravo et bonne chance à cette compagnie qui a du chemin à faire sur le plan financier !

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