lundi 15 février 2010

Réalité augmentée, tripotée...



Après l'avoir vue déformée, torturée, tripotée, exagérée par nos politiciens et publicistes, voici qu'on nous arrive maintenant avec la réalité «augmentée».

On parlera beaucoup au cours des prochains mois et des prochaines années de «réalité augmentée» (RA), ou «Augmented Reality» (AR), ou de «Augmented Identity», tel que présenté dans la vidéo ci-dessus.

On y voit un type qui se prépare à donner une conférence. Il commence par se photographier avec son téléphone qui, détectant qu'il s'agit d'une pose de face de type «profil» (!), lui propose les logos des réseaux sociaux auxquels il est inscrit, de façon à lui permettre de mettre à jour rapidement sa photo de profil sur ces réseaux s'il le souhaite.

On le voit choisir de se rafraîchir la bette sur LastFM, EasySlide et sur sa carte d'affaires virtuelle.

Ensuite, alors qu'il donne sa conférence, les spectateurs qui le regardent via la caméra de leur cellulaire ont accès à toute l'information que le gars veut bien leur donner. La caméra agit comme un scanner, reconnaît le visage grâce à une série de marqueurs qui révèlent son identité comme le feraient ses empreintes digitales, et affiche l'information associée sur l'écran du téléphone.

Dans cet exemple les spectateurs peuvent même coter la performance du conférencier, comme le fait la dame sur la vidéo en lui accordant quatre étoiles.

C'est le genre de scène qu'on commencera à voir un peu partout dès cette année: des gens qui ont l'air de prendre des photos, mais qui en fait sont captivés par les informations supplémentaires attachées aux gens et aux choses qu'ils visent avec leurs téléphones et qui s'affichent sur leurs écrans.


«J'ai vu un gros gars dans le bus, son statut Facebook était "parti en bus, le premier que je vois me scanner avec son téléphone je le tue". Autour de lui tout le monde cachait son cell et regardait en l'air...»



Allô Martin !.. (les 5 à 7 des années 10)

On verra dans les années 10 des gens dans les 5 à 7 se visant avec leur smart phones, discrètement ou non, question d'en apprendre un peu sur la personne visée avant de faire, ou de décider de ne pas faire, sa connaissance.

Ainsi plutôt que de commencer par le traditionnel «Allô, tu viens souvent ici?» les entames de conversations pourront enfin varier et ressembler par exemple à «Bonjour Julie, je viens de voir tes dessins sur Facebook, pas mal du tout, je dessine moi aussi...»

ou «Allô Martin, je pense que tu as oublié de cacher ton statut Twitter qui dit présentement "un autre 5 à 7 emmerdant avec des scanneuses de profils en série"». Oups.

La grande nouveauté sera d'être abordé par son nom ou prénom pas des inconnus, puisque la plupart des gens laisseront filtrer cette information de base à peu près partout où ils iront.

La pire menace à la vie privée viendra de nos propres imprudences et de notre insouciance. Avant les années 2000, la vie personnelle de chacun, par défaut, était privée. Depuis les années 2000 et de plus en plus, nos vies sont par défaut publiques. Moins les restrictions que nous décidons d'imposer. La protection de la vie privée, au fond, c'est une toute bête question de réglages. Non ? Du moins pour l'instant...


Applications pratiques de réalité augmentée

Après les sites web de type «vitrine» que l'on connaît et qui sont devenus incontournables pour tous les commerces, entreprises, associations, etc. dans les années 2000, la programmation d'interfaces pour RA pourrait bien devenir le must des années 10.

Les premières applications pratiques, outre celles relatives à l'identité tel qu'expliqué plus haut, permettront de tirer un maximum d'informations très «up to date» d'une affiche de film sur un abribus, par exemple. En visant l'affiche avec son cellulaire on pourra voir apparaître la possibilité de regarder des extraits du film, l'horaire en salles, l'emplacement des salles à proximité qui présentent le film. Pareil pour les spectacles, conférences, etc.

En visant la façade d'un resto on verra s'afficher à l'écran le menu du jour, les spéciaux en cours, les heures d'ouverture.

En circulant sur une rue et en regardant les édifices via la caméra du smart phone ou iPad on pourra découvrir les immeubles à vendre, les appartements à louer, les concierges recherchés, les coordonnées des personnes à contacter pour acheter, louer ou postuler.

Un passionné d'architecture pourra voir s'afficher sur son téléphone des informations relatives à l'histoire de l'édifice qui se trouve devant lui. Un plombier pourra quant à lui avoir accès au plan de la tuyauterie de l'immeuble sur lequel il doit travailler, grâce à un code d'accès spécifique.

Bref, les applications de RA se multiplieront et s'étendront à plusieurs domaines, greffant de grandes quantités d'informations aux personnes, immeubles, affiches, logos et autres choses qui nous entourent, informations qui ajouteront une dimension supplémentaire à notre environnement, comme une quatrième dimension, invisible à l'oeil nu mais accessible via l'écran d'un smart phone ou d'une tablette. Ou de lunettes reliées (genre bluetooth) à un appareil du genre.

Pour un aperçu de ce dont aura l'air la vie en réalité augmentée vue à travers de telles lunettes, rappelez-vous l'intro de Stranger Than Fiction, excellent film avec Will Ferrell:

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